Constatant l’échec du plan de redressement, l’administrateur judiciaire du volailler Doux a annoncé la mise en vente des actifs de l’entreprise. Le P-DG Charles Doux s’est dit prêt à ouvrir le capital du groupe à de nouveaux investisseurs, mais pas à n’importe quelles conditions. Il souhait éviter à tout prix un démantèlement du groupe dont dépend une bonne partie de la filière avicole.
Doux cherche un repreneur. C’est officiel depuis vendredi. L’administrateur désigné par le tribunal de commerce dans le cadre de la procédure de redressement engagée il y a un mois, a constaté l’échec du plan visant à renflouer la trésorerie du groupe, plombé par une dette supérieure à 400 millions d’euros.
Appel aux investisseurs
L’autorité judiciaire est donc passée à l’étape suivante : la mise en vente officielle des actifs du volailler afin de permettre à des repreneurs de se positionner pendant la période d’observation de six mois.
Pour les quelque 3400 salariés employés par Doux, cette décision a fait l’effet d’une bombe en ce qu’elle était inattendue : beaucoup misait sur la réussite du plan de redressement dans les six mois par le biais d’accords avec les créanciers.
Mais on se souvient que, début juin, Charles Doux, P-DG du groupe, avait, lors des négociations avec le comité interministériel de restructuration industrielle, repoussé l’offre faite par Barclays portant sur l’octroi d’un prêt de 35 millions d’euros : « Je ne pouvais céder le contrôle à une banque anglo-saxonne qui n’avait aucun plan industriel et ne donnait aucune garantie sur l’emploi et la filière», a avait alors justifié le n°1 du volailler.
S’il se dit prêt aujourd’hui à ouvrir le capital, il entend imposer ses conditions pour « assurer l’intégrité du groupe » et éviter une vente à la découpe. C’est pourquoi il souhaite négocier avec «soit des partenaires industriels, soit des coopératives françaises qui connaissent le métier, soit des financiers garants de l’avenir ».
«Nous avons décidé de lancer un appel d’offres aux candidats repreneurs d’ores et déjà déclarés auprès des pouvoirs publics» a précisé l’administrateur judiciaire.
Les salariés inquiets
L’idée est de privilégier une reprise globale, maintenant un maximum d’emplois et apurant le passif.
Pour renforcer la crédibilité de l’entreprise auprès des banques, l’équipe dirigeante a nommé, la semaine dernière, Michel Léonard , ex-président du directoire du groupe laitier Lactalis, au poste de directeur général délégué.
Il succèdait à Jean-Charles Doux, fils du PD-G Charles Doux, qui avait fait l’intérim suite au licenciement de Guy Odri.
Ce renfort est intervenu au moment où la situation sociale commence à se tendre chez les producteurs et dans les usines dépendant de la marque bretonne « Père Dodu » : le 15 juin, le synidcat agricole FNSEA avait alerté les pouvoirs publics sur le risque de famine pesant sur les volailles élevées dans la Région Centre, privées de l’approvisionnement d’une usine du Cher liée à Doux.
La tension est montée d’un cran sur le site Père Dodu de Quimper (marque emblématique du groupe) où des ateliers avaient dû s’arrêter il y a près d’un mois, contraignant les salariés à prendre des congés forcés.