Des dizaines, peut-être des centaines de milliers de visiteurs sont attendus ce week-end sur les côtes normandes et bretonnes, pour admirer, depuis la baie du Mont Saint-Michel, la « marée du siècle ».
En France, seuls Johnny, Jean-Michel Jarre et le Tour de France sont capables de remplir les rues et les stades. Samedi prochain, c’est la mer, rythmée par les flux et les effluves de sa respiration éternelle, qui s’imposera, une fois encore, en tête d’affiche dans le « creux » du Mont Saint-Michel, présenté comme l’un des plus beaux endroits du monde pour admirer « la marée du siècle ». Avec un coefficient de 119, le phénomène s’annonce impressionnant (le dernier remonte à 1997) : de 0,55 mètre en basse mer (samedi à 2h40), le déplacement d’eau, monstrueux, passera à 14,30 mètres à 7h42, retombera à 0,20 mètres à 15h05…et puis, et puis le poumon reprendra son souffle, enclenchant de profondes inspirations, dégorgera lentement pour faire remonter, de plus en plus vite, les secousses humides de cette ligne d’horizon mouvante, aussi rapide, dit-on, qu’ « un cheval lancé au galop », qui s’abattra sur la côte et culminera, une fois encore, à 14,30 mètres, vers 20 heures.
Après le site de Fundy au Canada, c’est au Mont Saint-Michel que le marnage (différence entre le niveau de la pleine mer et celle de la basse-mer), est le plus important. Les locaux ne manqueraient le spectacle sous aucun prétexte. Des dizaines de milliers de touristes sont attendues, le soir, pour assister à « la barre », cette grande vague enfantée par la marée d’équinoxe.
Le tableau sera peut-être plus beau encore samedi vers 15 heures lorsque la couverture maritime, repliée loin dans l’échancrure de la baie et réduite à son plus bas niveau, découvrira ses entrailles faites d’étendues sableuses piquetées de crabes, pieds de couteaux, moules, coques et autres micromonstres marins…